Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/22

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réflexion, vit bien que plus elle chercherait à se défendre, plus elle s’attirerait de plaisanteries ; elle prit donc le parti de le laisser dire sans lui rien répondre.

À dîner, lorsque le chevalier vint se mettre à table, le dégoût qu’il lui avait inspiré dès le commencement, augmenté encore par sa conduite de la veille, devint une aversion décidée, suite de l’horreur qu’elle avait conçue pour sa fierté, et de l’indignation que son arrogance avait excitée en elle. Il paraissait que l’heureuse issue de son duel l’avait placé au faîte de la gloire ; son air était triomphant ; il regardait d’un œil de supériorité ceux qu’il daignait favoriser de son attention, et leur faisait sentir combien il croyait les honorer, quand il leur accordait cette grace. Il fixa cependant Cécile avec plus de politesse qu’à l’ordinaire ; il croyait alors l’avoir subjuguée, et cette idée flattait extrêmement sa vanité. L’inquiétude qu’elle avait montrée était à ses yeux une preuve certaine de la passion qu’elle avait pour lui, et il attribuait son silence