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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/23

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à l’admiration, sa froideur à la crainte, et sa réserve à la modestie.

Excédée d’une impudence aussi manifeste, et irritée d’un triomphe que sa grossièreté et son impolitesse avaient si peu mérité, Cécile se fit violence pour ne pas quitter la table, et réfléchit avec peine à l’obligation où elle se trouvait de passer une partie si considérable de sa vie avec des gens pour lesquels elle avait le plus grand éloignement.

Après dîner, madame Harrel ayant parlé de lier une partie pour la soirée, et Cécile ayant refusé d’en être, le chevalier, avec une humilité affectée et d’un ton de suffisance qui paraissait redouter un refus, et témoignait en même-temps combien il s’en souciait peu, dit : quant à moi, je n’aurais pas non plus grande envie de sortir, si miss Beverley voulait permettre que j’eûsse l’honneur de prendre le thé avec elle. À ces mots, Cécile le regardant avec la plus grande surprise, lui répondit qu’elle avait des lettres à écrire, qui ne lui permettraient pas de