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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/74

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point entendre parler de pareille extravagance, et qu’il était très-décidé à ne pas lui avancer un sou.

Cécile fut choquée et confondue à la fois de ce refus si peu prévu ; et comme elle se croyait engagée d’honneur avec M. Harrel, à ne point révéler le motif qui lui faisait demander cet argent, elle resta muette pendant quelques moments ; jusqu’à ce que, venant à se rappeler ce qu’elle devait au libraire, elle prit le parti de lui alléguer cette raison, persuadée du moins qu’il ne pouvait lui refuser l’argent nécessaire pour acquitter sa dette. Il l’écouta avec le plus grand sang-froid. Des livres ! s’écria-t-il ; qu’avez-vous à faire de livres ? Ils ne font aucun bien ; ils ne sont propres qu’à faire perdre le temps ; paroles et mots ne procurent point d’argent. Elle eut beau l’assurer que ses conseils venaient trop tard, puisqu’elle les avait déjà achetés, et ne pouvait par conséquent pas s’exempter de les payer. Non, non, ajouta-t-il en criant ; renvoyez-les, cela vaut mieux : il ne faut pas pareille drogue. Cela