Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/96

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Il la remercia assez froidement, suivant sa coutume ; et recevant les deux cents livres, il lui en fit son reçu, promettant de les lui rendre au bout de huit jours. Madame Harrel se montra plus reconnaissante, et lui témoigna par ses caresses combien elle était touchée de ce nouveau service. Cécile, satisfaite d’imaginer qu’elle avait fait renaître en elle quelqu’étincelle de sa première sensibilité, résolut de se prévaloir de ces symptômes favorables, et de commencer à s’acquitter de la tâche désagréable qu’elle s’était imposée, en lui représentant le danger de sa situation actuelle. Elle ouvrit la conversation par lui dire qu’elle espérait que l’intimité dans laquelle elles avaient si longtemps vécu, lui ferait excuser la liberté dont elle se proposait d’user ; et il n’y avait que leur étroite amitié, jointe aux craintes qu’elle avait que son bonheur et sa tranquillité ne fussent troublés par la suite, qui pût l’autoriser. Mais, ma chère Priscille, ajouta-t-elle, se pourrait-il, que voyant de mes propres yeux le péril au-