Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/129

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elle avait fait jusqu’à présent, accumulant dette sur dette, et ajoutant infortune à infortune. Enfin, madame Harrel, plutôt contrainte que persuadée, déclara qu’elle consentirait point à partir, si elle ne craignait que son mari n’en usât mal avec elle ; qu’il s’était déjà comporté très-brutalement, prétendant qu’elle avait causé sa ruine, et la menaçant si, avant la nuit prochaine, elle ne lui procurait ces mille livres, qu’elle serait traitée comme ses dissipations et sa folie le méritaient. Croit-il donc, dit Cécile avec la plus grande indignation, que vos terreurs auront le pouvoir de me réduire à faire tout ce qu’il lui plaira ? Oh non, s’écria madame Harrel, non ; il n’espère qu’en mon frère. Il est certainement persuadé qu’il suffit que je le presse et le prie de quelque chose, pour qu’il m’accorde ce que je lui demanderai, comme il l’a toujours fait jusqu’à présent.

Cécile, qui savait bien qu’elle était elle-même la cause de la résistance de M. Arnott, sentit ses résolutions s’affaiblir ;