Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/137

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ne fut que trop promptement remplie : peu de temps après madame Harrel entra à pas précipités, et d’un air égaré, en s’écriant : mon frère s’en est allé ! Il m’a quittée pour toujours ! Oh ! sauvez-moi, miss Beverley ; sauvez-moi des affronts et des menaces ! Elle versa tant de larmes, qu’il ne lui fut plus possible de prononcer un seul mot. Cécile, tourmentée à l’excès de ces persécutions, lui demanda tristement ce qu’elle pouvait faire pour elle. Envoyez, s’écria-t-elle, chez mon frère, et priez-le de ne pas m’abandonner. Envoyez chez lui, et conjurez-le de m’avancer ces mille livres… La chaise est déjà ordonnée… M Harrel est décidé à partir : il dit que, sans cet argent, nous mourrons de faim dans un pays étranger… Oh ! envoyez chez mon barbare frère ; il a défendu qu’on lui fît rien parvenir de ce qui viendrait de toute autre part que de la vôtre.

Cécile, quoique très-touchée et presque attendrie, refusa cependant de faire aucune démarche auprès de M. Arnott,