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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/200

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jouir tranquillement, cependant elle se trouvait enfin dans le sein d’une famille qu’elle avait long-temps considérée comme la seule où elle pût être heureuse. Malgré les sujets d’inquiétude qui lui restaient, cette position lui promettait plus de tranquillité qu’elle n’en avait encore eu depuis son départ de la province de Suffolk.

L’impérieux M. Delvile était lui-même beaucoup plus supportable ici qu’à Londres : tranquille dans son château, il regardait autour de lui avec la vanité qu’inspire le pouvoir ; et la propriété, en augmentant son importance, adoucissait son humeur. Sa supériorité était généralement reconnue, et ses ordres exécutés sans contradiction. Il ne se trouvait point, comme dans la capitale, entouré de gens au-dessus de lui ; aucune rivalité ne troublait sa sérénité ; sa grandeur n’était ni abaissée, ni mortifiée par des égaux ; tous ceux qu’il voyait étaient ou ses vassaux, ou des clients qui n’avaient d’autres volontés que les siennes. Le con-