Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/201

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tentement qu’il éprouvait, adoucissait ce caractère sombre et hautain, et sa fierté était tempérée par la politesse.

Cécile ne trouvait cependant point occasion d’exercer son courage, en évitant Delvile, comme elle se l’était proposé. Il déjeûnait dans sa chambre, se promenait à cheval ou à pied jusqu’à ce que la chaleur du jour l’obligeât à rentrer au château ; il passait le reste du temps dans son cabinet, d’où il ne sortait que pour dîner. Alors sa conversation était toujours générale ; il ne témoignait pas plus d’attention pour Cécile que pour sa mère. Elles le laissaient avec son père ; quelquefois il reparaissait à l’heure du thé ; plus communément il sortait, et allait visiter quelque voisin ; rarement on le revoyait avant le dîner. Par cette conduite, toute réserve de la part de Cécile devenait inutile ; elle ne pouvait témoigner de la froideur à celui qui ne marquait aucun empressement, ni fuir celui qui ne la poursuivait point.

Rien ne lui paraissait cependant plus