Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/34

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contente de l’effet qu’avait produit ce commencement d’explication, et très-indifférente sur les suites qu’aurait pu avoir la fin, elle se trouvait alors dans la situation la plus délicieuse qu’elle eût éprouvée. Persuadée d’avoir fait sur le cœur de Delvile la plus vive impression, elle était plus flattée de la manière dont son secret paraissait lui être échappé, qu’elle ne l’aurait été d’une déclaration formelle de ses sentiments. Elle était parvenue à le convaincre qu’elle était sans engagements ; et lui, quoique sans paraître en avoir l’intention, l’avait convaincue du vif intérêt qu’il prenait à cette découverte. Son trouble, les mots qui lui étaient échappés et les efforts marqués pour s’empêcher d’en dire davantage, étaient précisément les preuves qu’elle desirait. Non seulement son cœur en était content ; mais elles flattaient aussi son amour propre.

La défiance que Delvile avait témoignée, sa crainte de ne pouvoir réussir à plaire, assurait Cécile qu’il n’était pas encore parvenu à pénétrer son secret. Il ne