Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/58

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gaie, était supportable, et qu’elle jouissait des conversations intéressantes de son amie, le reste de la maison était bien différemment occupé ; les fêtes, les plaisirs, les amusements de toute espèce étaient recherchés avec encore plus d’avidité que par le passé ; et le risque que les Harrel avaient couru tout récemment d’être entièrement ruinés, paraissait n’avoir servi qu’à augmenter leur empressement à jouir. Jamais cependant la félicité n’avait été plus loin d’eux. M. Harrel, malgré sa légèreté ordinaire, avait, de temps à autre, des accès de mélancolie qui offusquaient ses moments les plus gais, et empoisonnaient tous ses plaisirs : eh ! comment en peut-on goûter dans une situation aussi fâcheuse ?

Cécile, voyant que sa fureur pour la dissipation augmentait avec ses inquiétudes, hasarda encore une fois de parler de réforme à sa femme, lui conseillant de se prévaloir du mécontentement par lequel il témoignait être au moins un peu affecté de sa situation ; afin de lui démontrer la