Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/84

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charmée de retrouver ma jeune amie, et même presque honteuse d’avouer que j’aye eu le moindre doute sur ses sentiments. Elle l’embrassa ensuite tendrement, et convint qu’elle avait été plus mortifiée de son prétendu abandon, qu’elle n’avait voulu le lui avouer, lui répétant plusieurs fois que depuis bien des années elle n’avait point fait de connaissance qu’elle eût autant desiré cultiver que la sienne, ni joui d’aucune société qui lui fît autant de plaisir. Cécile, dont les yeux annonçaient la joie et la satisfaction, dont les espérances semblaient revivre, eut peu de peine à répondre à ses protestations d’amitié ; et au bout de quelques minutes, elles furent non-seulement réconciliées, mais encore plus unies que jamais. Madame Delvile la pressa de rester à dîner avec elle ; et Cécile fut trop satisfaite de cette invitation pour ne pas s’y rendre.

Les deux dames furent seules toute la journée, et rien ne troubla ni n’interrompit ces sentiments vifs et délicieux, que le renouvellement sincère de leur