Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/101

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part d’un étranger, il aurait fallu une effronterie peu commune. Ces considérations lui faisaient sentir le peu de fondement de ses conjectures. Elle en revenait quelquefois à croire que Delvile avait pu avoir pris autrefois des engagements avec quelque personne qui, ayant eu par hasard connaissance de ses intentions, avait eu recours à cette voie pour les traverser. Mais cette idée avait encore moins de vraisemblance que les précédentes. La probité, l’honneur de Delvile lui avait inspiré trop de confiance pour qu’elle eût le moindre soupçon qui pût lui faire tort dans son esprit ; elle était bien persuadée qu’il était aussi malheureux qu’elle, et son unique consolation était de le croire aussi exempt de blâme qu’elle l’était elle-même. Elle passa trois jours entiers dans cette situation, occupée pendant tout ce temps à prendre soin de la santé de madame Charlton ; le quatrième, on vint lui dire qu’une dame qui demandait à lui parler l’attendait dans la salle. Elle y descendit sur-le-champ, et apperçut madame Delvile. Saisie d’éton-