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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/136

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serait pour toujours. Pour vous-même… Ne parlez point de moi, madame, s’écria la malheureuse Cécile, ce que vous venez de dire de monsieur votre fils suffit, et je me soumettrai. Écoutez-moi cependant, reprit madame Delvile, et ne me croyez pas assez injuste pour ne considérer que lui seul. Je ne sens que trop que vous-même n’en souffririez pas moins que lui. Vous vous imaginez dans ce moment, qu’en le voyant encore une fois, sa présence calmerait votre inquiétude, et que le congé que vous prendrez de lui diminuerait l’amertume de cette séparation. Que ce raisonnement est peu juste ! Que cette consolation serait dangereuse ! Prévenue en le voyant, que vous ne le reverriez plus, votre cœur attendri n’écouterait plus que sa douleur ; et l’amour, au moment même où il serait entièrement banni de vos discours, surmonterait tous les obstacles : vous attacheriez le plus grand sens à chaque mot, parce que vous le croiriez le dernier ; chaque regard, chaque expression se graveraient si pro-