Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/137

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fondément dans votre mémoire, que rien ne serait plus capable de les effacer. C’en est assez, madame, c’en est assez, dit Cécile… Je ne le verrai point… Je ne souhaiterai même pas de le voir.

Est-ce complaisance ou conviction de votre part ? L’une et l’autre. Je crois, en effet, que cette entrevue aurait été au-dessus de mes forces. Je vois que vous avez raison… et je vous remercie, madame, de m’avoir épargné une scène dont j’aurais eu cruellement à souffrir.

Ô fille suivant mon cœur ! s’écria madame Delvile, se levant et l’embrassant, noble, généreuse, charmante Cécile ! quel lien, quelle parenté pourrait jamais m’attacher plus tendrement à vous ? Quelle femme au monde vous ressemble ! Vous êtes trop bonne, madame, repartit Cécile avec une tranquillité et une sérénité apparentes, et je vois avec bien de la reconnaissance que vous daignez oublier le passé, que votre ressentiment ne diminue point l’indulgence que vous me marquez. Hélas ! ma chère amie, comment