Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sation, dit Cécile ; j’ai parlé, j’ai écouté, vous avez prononcé ; ainsi… Vous êtes un ange ! s’écria madame Delvile, se levant et l’embrassant ; comment pourrais-je jamais reprocher à mon fils ce qui s’est passé, quand je considère l’objet en faveur duquel il faisait un si grand sacrifice ? Quant à vous, vous ne sauriez être malheureuse ; le témoignage de votre conscience ne saurait manquer de vous dédommager du sacrifice que vous faites… Mais puisque vous le trouvez convenable, nous allons nous séparer : j’aurais tort de différer encore. Non, non, nous ne nous séparerons pas ! s’écria Delvile avec une nouvelle chaleur. Si vous m’arrachez d’auprès d’elle, madame, vous me réduirez au désespoir ? Y a-t-il quelque chose au monde qui puisse me consoler de cette privation ? La vanité pourrait-elle offrir au plus orgueilleux des hommes le moindre équivalent ? Vous convenez de ses perfections ; la noblesse de ses procédés rend sa conduite semblable à la vôtre ; elle m’a généreusement donné son cœur…