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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/117

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qu’entre les mains d’une seule. Quant à elle personnellement, elle n’en avait parlé qu’à M. Monckton, et l’avait caché même à Delvile, quoiqu’en consentant à l’épouser, il eût le droit incontestable d’être informé du véritable état de sa fortune ; mais sa précipitation, le trouble et l’incertitude dont à cette époque son esprit était agité, l’avaient empêchée d’y songer, et elle s’était depuis souvent reproché de ne l’avoir pas fait. Elle conçut alors un soupçon, dont la simple idée la fit frisonner. Grand dieu ! s’écria-t-elle, se pourrait-il que M. Monckton… Elle s’arrêta ;… elle repoussa cette pensée ;… elle la chassa de son esprit ;… elle ne douta pas un instant qu’elle ne fût fausse et injuste ;… elle fut fâchée de l’avoir eue. Non, s’écria-t-elle, il est mon ami, et l’est depuis tant d’années ! il m’est attaché dès mon enfance, m’a assistée constamment de ses conseils… Une pareille perfidie de sa part ne serait pas même vraisemblable. Ses incertitudes pourtant ne diminuaient point ;