Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/128

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cette femme, après l’avoir regardée, lui dit : ah, madame, ce n’est pas la première fois que j’ai l’honneur de vous voir ! Cécile, qui n’avait pas la moindre idée d’elle, la pria à son tour de lui dire quand et où elle l’avait vue — Lorsque vous alliez être mariée, madame, j’étais chargée du soin d’ouvrir les bancs de l’église de ***. Cécile fut saisie d’horreur, et sans s’en appercevoir, fit quelques pas en arrière ; tandis qu’Albani, d’un air de surprise, s’écria : mariée !… mais personne n’en sait rien ! — Ne me faites aucune question, s’écria-t-elle promptement ; c’est une méprise. — Pauvre innocente ! ajouta-t-il ; voilà donc la corde que tu ne peux souffrir qu’on touche ! Je mourrai plutôt que de permettre qu’un souffle de ma part y donne la moindre atteinte. Oh ! que ta douleur soit respectée, toi dont le cœur est toujours sensible à celle du malheureux et de l’indigent !

Cécile fit alors quelques questions générales, et apprit que cette pauvre femme, qui était veuve, avait été obligée de