Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/142

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Quel que puisse être celui que vous admirez, votre admiration ne saurait que l’honorer : gardez-vous cependant de la pousser trop loin, de peur qu’après avoir affecté votre cœur, elle ne trouble votre repos, et ne vous rende malheureuse pour toute votre vie. — Ah ! mademoiselle, je vois que vous savez quelle est la personne que j’ai voulu désigner ; mais vous vous tromperiez très-fort, je vous assure, si vous aviez quelques soupçons défavorables sur mon compte. — Des soupçons ; repartit Cécile en l’embrassant ; il n’y a personne au monde dont je pense aussi avantageusement. — Je veux dire, mademoiselle, que vous me feriez tort de croire que j’eusse oublié la distance qu’il y a de lui à moi. Je vous assure que je ne l’ai jamais perdue de vue : j’admire seulement la bonté qu’il témoigne à mon frère, et ne pense jamais à lui, si ce n’est quelquefois pour le comparer aux autres gens que je vois ; et cette comparaison me les rend si odieux, que je souhaiterais ne jamais entendre parler d’eux. — Sa connaissance