Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/152

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truire dans l’esprit de M. Delvile les soupçons qu’il avait sur le compte de Cécile.

Les jeunes demoiselles, continua madame Belfield, croient qu’en confiant leur inclination à quelqu’un, ce quelqu’un en parlera, et que celui qui en est l’objet viendra, et les enlèvera. Il n’y a pas long-temps que le bruit courait qu’elle allait épouser le jeune Delvile, l’un des fils de son tuteur. — Je suis fâché qu’on ait fait courir un bruit aussi impertinent, s’écria-t-il très-piqué ; le jeune M. Delvile n’est point un parti dont on dispose aussi facilement, et il sait trop ce qu’il doit à sa famille.

Ici Cécile rougit d’indignation, et Henriette soupira de chagrin. Mon dieu, monsieur ! répondit madame Belfield, qu’est-ce que sa famille pourrait faire de mieux ? Je n’ai jamais ouï dire qu’elle fût bien riche, et je ne crains pas d’avancer que le vieux gentilhomme, étant son tuteur, n’a pas manqué de procurer à son fils les occasions de la voir : avec tout