Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/167

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fortune aussi considérable, ses desirs fussent aussi bornés ; et elle était, pour ainsi dire, choquée de ce que, se trouvant maîtresse d’un si gros revenu, elle vivait tout comme si elle ne jouissait que de cinq cents livres de rente. Mais Cécile, sans s’embarrasser de ses représentations ni des jugements du public, était décidée à n’écouter que sa raison. Le faste ni la dissipation n’avaient jamais eu d’attraits pour elle ; et ce qu’elle avait remarqué chez M. Harrel et dans la maison de Delvile, lui servait à jamais de leçon pour éviter l’un et l’autre. Son équipage, propre et commode, n’avait rien de remarquable ; sa table était simple, quoiqu’abondante ; ses domestiques, en petit nombre, étaient occupés, sans être excédés de travail. Son système économique, comme celui de ses libéralités, était réglé par les conseils de sa raison, et non modelé sur l’exemple des autres ; elle ne cherchait point à se distinguer, ni à l’emporter par sa manière de vivre sur la noblesse de son voisinage.