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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/168

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Quoique sa conduite eût si peu de conformité avec celle des jeunes personnes de son état et de sa fortune, elle avait un soin particulier d’éviter de les choquer par la singularité de ses manières. Toutes les fois qu’elle les voyait, elle était familière sans bassesse, naturelle et polie ; et quoiqu’elle ne se trouvât que rarement en leur compagnie, ses manières gracieuses et son empressement à obliger lui en faisaient autant d’amies. Le projet qu’elle avait formé peu de temps après son entrée chez M. Harrel lui plaisait si fort, qu’elle ne négligeait rien pour le réaliser : mais la partie de ce plan qui consistait à éloigner d’elle les personnes inutiles ou frivoles ne lui parut guères praticable ; il eût fallu qu’elle fermât sa porte à la moitié de ses connaissances. Il en était de même du dessein de se former une société d’amis sages, éclairés, distingués par leurs vertus et leur piété, qui vinssent demeurer chez elle. L’expérience lui fit voir que de tels amis étaient rares, et que ne pouvant les acquérir avec de l’or, il fallait attendre