Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/212

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Je ne sais pas moi-même à quoi je dois m’attendre : un jour a constamment détruit l’espoir de celui qui l’a précédé ; mon esprit agité, incertain, dans le plus grand désordre, a été et est encore peu susceptible de consolation et de repos. Ce que vous me dites, mademoiselle, me surprend extrêmement. Je vous ai cru tout-à-fait heureuse ; ce qu’il y a de sûr, c’est que vous méritez de l’être. J’imaginais que la félicité était votre récompense et votre partage. Que pourrait-il y avoir au monde, me disais-je en moi-même, qui empêchât une demoiselle aussi riche que miss Beverley, d’épouser sans le moindre obstacle un gentilhomme tout aussi opulent qu’elle ?

Cécile voyant qu’il n’était plus possible de lui rien cacher, pensa qu’elle devait une fois pour toutes lui ouvrir son cœur, et que cette preuve de confiance de sa part contribuerait peut-être à adoucir un peu son chagrin. Elle lui fit donc un aveu sincère de l’état de son ame, et de tout ce qui s’était passé. Henriette pleura