Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/213

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amèrement à ce récit ; M. Delvile lui parut un monstre, et madame Delvile trop cruelle ; elle plaignit Cécile, et ne conçut pas qu’il pût y avoir quelqu’un au monde assez barbare pour causer la moindre peine au jeune Delvile. Elle la remercia de la confiance qu’elle lui témoignait ; Cécile profita de cette occasion, pour lui faire sentir combien il importait qu’elle s’efforçât de nouveau de recouvrer sa première indifférence. Henriette lui promit qu’elle y travaillerait, et dès-lors elle évita soigneusement de prononcer le nom de Delvile ; mais son accablement prouva clairement qu’elle avait été si touchée de sa méprise, que Cécile ne put s’empêcher d’en être étonnée. Malgré sa modestie, elle avait conçu les espérances les plus romanesques ; et quoiqu’elle se cachât à elle-même qu’elle en eût fondé aucune sur Delvile, elle ne laissait pas, sans le vouloir, de les conserver intérieurement. Cécile se fit une étude de la tranquilliser, et de lui inspirer du courage, l’incertitude dans laquelle elle se