Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non, non, grâces au ciel, tous ces maux me sont absolument étrangers.

Sa figure reprit alors sa première austérité, et il lui dit du ton le plus sévère : d’où viènent donc ces larmes ? et quel est ce caprice que tu décores du nom d’affliction ?… Étrange effet de l’indolence et du luxe ! murmures indiscrets de l’ingrate opulence ! Oh, si tu avais éprouvé une partie de ce que j’ai souffert ! Ah ! dit Cécile, il faudrait que vos souffrances eussent été bien violentes pour que les miennes, en comparaison, méritassent d’être traitées de caprice. Caprice ! répéta-t-il ; comparée à la mienne, ton infortune est une jouissance, un excès de plaisir. Tu n’as point dissipé ton héritage par de folles prodigalités ; tes remords ne t’ont point interdit toute espèce de félicité ; et la tombe ne renferme point encore l’objet le plus cher à ton cœur. Je me flatte, répondit Cécile, que les maux que vous avez éprouvés ne sont point de ce genre, et qu’il est encore possible d’y remédier ? — Je les ai tous