Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/31

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ressentis… Je les ai supportés, je les supporterai tant que je vivrai, et peut-être encore après que je n’existerai plus. Bon dieu ! s’écria Cécile en frémissant, combien ce monde est pervers et rempli de misères ! — Et cependant tu oses te plaindre, s’écria-t-il, quoique tu possèdes le plus grand de tous les biens, l’innocence ! Tu murmures, quoique le crime te soit inconnu. Si ce n’est point lui qui cause tes malheurs, ne t’embarrasse pas du reste, et sois plus que contente de ton sort ! Ah ! s’écria-t-elle en soupirant profondément, qui est-ce qui pourrait m’apprendre à goûter ce contentement que tout semble m’interdire ? Moi, répliqua-t-il, je te l’apprendrai ; car je veux te faire le récit de ma triste histoire. Alors tu connaîtras combien ton sort est plus heureux que le mien.

Oh non, il n’est guères possible. Cependant, si vous voulez me confier les particularités de votre vie, je serai bien aise de les entendre, et je vous aurai