Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/37

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miséricorde ? Une infidèle, mais si touchante, si jeune, indignement séduite, si repentante !

Dans cette affreuse situation, abandonnée et sans secours, déchirée par ces mains barbares, et insultée par cette langue perfide, je la laissai pour chercher le scélérat qui l’avait perdue. Aussi lâche que traître, il eut soin de se cacher. Me repentant alors de ma fureur, je me hâtai de retourner la joindre ; honteux de ma conduite, la mémoire des outrages que je lui avais fait essuyer m’attendrit ; je me promis de les réparer… Tous mes soins furent inutiles, elle avait disparu ! Effrayée, et redoutant mes mauvais traitements, elle se déroba à toutes mes perquisitions. J’employai vainement deux années entières sans succès, négligeant mes affaires, et ne m’occupant que de cette recherche. Enfin, je crus l’avoir apperçue… à Londres, seule, et parcourant les rues à minuit… Je la suivis en frémissant… et j’entrai après elle dans un de ces infâmes réduits dont cette