Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/79

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avant-hier encore, j’ai de nouveau paru confus de ce que vous m’aviez trouvé dans un état tout différent, quoique je n’eusse quitté l’autre que parce qu’il m’avait paru mal choisi. On dirait que la nature humaine est susceptible d’une légèreté et d’une inconstance que rien ne serait capable de vaincre !

Votre façon de penser a furieusement changé dans l’espace d’un an, reprit Monckton. Aigri par les disgrâces, répondit-il, je parle peut-être avec trop d’humeur ; malgré cela, ma façon de penser n’a pas beaucoup changé. La félicité est plus commune, et nous est dispensée plus libéralement que nous ne sommes portés à le reconnaître ; ce n’est que le bon sens qui nous est donné avec poids et mesure ; notre portion de ce dernier est si peu considérable, que lorsque le bonheur est à notre portée et devant nos yeux, nous ne prenons jamais la route qu’il nous présente. Telle a été ma conduite ; je le croyais éloigné, entouré d’épines et de périls, tandis que tout ce