Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/146

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mit la main dans sa poche pour en tirer sa bourse, qu’elle était prête à lui donner pour qu’il la laissât en liberté : mais son officieux conducteur voulut disputer sur le prix ; il s’éleva une dispute entre le cocher et lui, qui assembla la populace. Ce moment fut si affreux pour la malheureuse Cécile, qu’elle en fut accablée : la crainte du péril de Delvile, l’horreur de sa propre situation, l’impatience, la confusion, la chaleur et la fatigue l’accablèrent à la fois, elle ne put y résister ; sa raison se troubla. Il n’y sera plus ! s’écria-t-elle, il sera parti ! et il faudra que je le suive à Nice !…

On ne l’écoutait point, on disputait toujours, et le cocher continuait à la retenir. Je veux partir pour la France, s’écria-t-elle encore ; pour quoi m’arrêtez-vous ? il mourra s’il ne me voit pas : son désespoir lui coûtera la vie. Ayant enfin trouvé moyen de se défaire de ses persécuteurs, elle oublia absolument sa