Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/169

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suis-je ? lui répondit-il, confus et effrayé. Vous me ferez plaisir de vous en aller, s’écria-t-elle d’un ton d’impatience, car je ne vous connais point. Delvile ignorant encore son délire, et attribuant son empressement à le renvoyer, à un sentiment d’aversion, s’éloigna d’elle, et lui repartit tristement : vous avez bien raison de me méconnaître, de me refuser mon pardon, de m’accabler de votre haine, de vos reproches, et de me condamner à d’éternelles douleurs ! Cette peine est encore trop légère, j’en mérite de beaucoup plus rudes. Je me suis conduit comme un monstre, et je m’abhorre moi-même. Cécile se levant alors à moitié, et le regardant avec autant d’effroi que de colère, s’écria vivement : si votre intention n’est pas de me déchirer et de m’arracher la vie, partez sans différer. Moi, vous déchirer ! répéta Delvile en frémissant, quelle horreur !… Mais je le mérite !… N’avez pas l’air si troublé, et je m’arracherai d’auprès de vous. Permettez seulement que j’aide à vous trans-