Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/59

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rée ; il ne put cacher sa pâleur, tous ses traits annonçaient l’horreur dont il était saisi ; son trouble était trop visible pour que Cécile ne s’en apperçût pas. Il lui parla cependant avec amitié, et d’un ton affectueux ; mais sa voix tremblante démentait ses paroles, et ne prouvait que trop que son âme était dans la plus grande agitation. Cécile, interdite et épouvantée, n’avait pas la force de lui faire la moindre question. Il lui parlait du bonheur qu’il avait de la revoir avant de quitter le royaume, la suppliait de lui écrire souvent, lui répétait les mêmes choses, entamait un sujet, et passait à un autre ; beaucoup de questions sur sa santé, son voyage, ses affaires, sa tranquillité d’esprit, sans écouter les réponses, ou avoir l’air de s’étonner qu’elle ne lui en fît aucune ; tout, en un mot, peignait le désordre de son âme.

La frayeur de Cécile augmentait à chaque instant. Persuadée qu’il devait être arrivé quelque chose de fort étrange