Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous trouva encore à table. Que cela ne vous étonne point, on dîne ici fort tard. On lui fit ouvrir une autre chambre, et dès que le dessert fut apporté, on la pria d’entrer.

Elle étoit accompagnée d’un Français, qu’elle présenta sous le nom de M. Dubois. Madame Mirvan les reçut tous deux avec sa politesse ordinaire ; mais le capitaine témoigna de l’humeur, et, après un moment de silence, il lui dit d’un air sévère : « Qui vous a priée de nous amener ce damoiseau » ?

« Je ne sors jamais sans lui, répondit-elle ». Après une seconde pause, le capitaine se tourna vers l’étranger, et lui dit en anglais : « Savez-vous bien, monsieur, que vous êtes le premier Français qui mette les pieds dans ma maison » ?

M. Dubois fit une révérence : il ne parle pas l’anglais, et ne l’entend guère ; de sorte qu’il prit peut-être cette apostrophe pour un compliment.

Madame Mirvan tâcha d’égayer la mauvaise humeur du capitaine ; mais il lui laissa faire tous les frais de la conversation, et resta étendu dans son fauteuil sans dire mot, excepté quand il trouvoit l’occasion de lâcher quelque sarcasme