Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/112

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s’opiniâtra à leur disputer jusqu’aux moindres avantages. Sir Clément employa à la fois les armes du raisonnement et du ridicule, pour appuyer et pour renforcer tout ce qu’il plut au capitaine d’avancer ; il remarquoit qu’en combattant madame Duval, il ne manqueroit pas de gagner l’amitié du maître de la maison ; et sa sagacité ne le servit que trop bien : il eut bientôt lieu de se féliciter d’un succès complet.

Dès qu’il me vit, il me salua respectueusement, et me demanda si j’étois remise des fatigues du ridotto. Une légère inclination de tête fut toute ma réponse ; j’étois encore honteuse du souvenir de cette aventure. Il retourna à la dispute, et il la ménagea si bien, tantôt en agaçant madame Duval, tantôt en soutenant les raisons du capitaine, que je ne pus m’empêcher d’admirer son talent, en blâmant sa finesse.

Madame Mirvan craignant l’issue d’une querelle aussi échauffée, essaya plusieurs fois de détourner la conversation, et elle y auroit réussi peut-être sans l’entremise de sir Clément, qui, par son humeur satirique et mordante, avoit entièrement captivé les bonnes graces du capitaine. Madame Duval succomba sous les efforts