Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/124

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Clément, et nous montâmes toutes quatre dans le carrosse de madame Mirvan. Madame Duval demanda avec instance qu’on y accordât une petite place à M. Dubois, et le capitaine se prêta à cette complaisance, seulement pour se débarrasser de cet étranger.

Notre voiture prit le devant. Nous fûmes tous taciturnes et d’une humeur sociable ; car les difficultés qu’exigeoient ces arrangemens, avoient ennuyé et fatigué tout le monde. Nous continuâmes notre chemin sans dire mot ; mais notre silence ne fut pas de longue durée : à peine étions-nous à trente pas de Ranelagh, que la voiture se brisa, et nos voix se firent entendre toutes à la fois. À en juger par nos cris, je suis sûre qu’il n’y eut personne qui ne nous crut blessés à mort. Le cocher arrêta, les domestiques accoururent à notre secours, et nous descendîmes tous sains et saufs. Il faisoit nuit et il pleuvoit. Aussi-tôt que j’eus mis pied à terre, je me sentis soulever par sir Clément Willoughby : il me demanda la permission de me secourir, et sans attendre ma réponse, il m’emporta dans ses bras à Ranelagh.

Il s’informa avec beaucoup de zèle si j’étois blessée. Je l’assurai que je ne m’é-