Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/133

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leur misère. Son ingratitude excita ma plus vive indignation ; j’étois sur le point de fuir sa présence et sa maison, si elle ne s’y fut opposée de la manière la plus décisive. Qu’est-ce donc, bon Dieu ! qui peut la porter à une injustice aussi criante ? Oh ! mon père et mon ami, je ne me possède pas lorsqu’elle touche cette matière.

Elle me répéta plusieurs fois qu’elle se proposoit de m’amener à Paris, d’autant plus que j’avois grand besoin d’être polie par une éducation française. Elle regretta beaucoup de ce que j’avois été élevée à la campagne, ou j’avois pris un air maussade. Elle me recommanda cependant d’avoir bon courage, puisqu’elle avoit connu plusieurs jeunes filles, plus gauches encore que moi, qui, après un séjour de peu d’années dans l’étranger, s’étoient parfaitement bien formées. Elle eut la bonté de me citer entr’autres, pour exemple, une certaine miss Polly Moore, fille d’une vendeuse de chandelle, qui fut envoyée à Paris pour une petite affaire de galanterie, et y avoit fait des progrès si étonnans, qu’elle alloit aujourd’hui de pair avec les femmes de la première distinction.

Les parens, auxquels elle me fit l’hon-