Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/136

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elle est beaucoup moins coupable qu’on ne le pense ; car je suis sûre qu’elle n’eût jamais déserté la maison paternelle, sans les mauvais conseils d’un certain vieux curé ».

Miss Polly. « Parlons d’autre chose, ma tante ; notre conversation semble affliger cette jeune demoiselle ».

On se jeta alors sur notre âge, sur nos tailles, nos ajustemens, sur les spectacles ; tous ces lieux communs furent rebattus avec la plus grande sagacité.

Mais jugez de ma douleur, lorsque je compris ensuite, par quelques paroles échappées à madame Duval, qu’elle étoit occupée à instruire M. Branghton des détails les plus secrets de mes affaires. Ce récit attira la curiosité de l’aînée des demoiselles Branghton : la cadette et le fils restèrent avec moi, vraisemblablement pour me distraire.

Miss Branghton revint aussi-tôt vers nous, en disant à sa sœur : « Imagine-toi, Polly, miss n’a jamais vu son père ».

« Et comment cela, miss, s’écria l’autre ; n’étiez-vous pas tentée de le connoître » ?

Ceci en étoit trop : je me levai promptement, et je me sauvai de la chambre. Je regrettai bientôt ce mouvement de