Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/135

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légère, tout aussi ignorante que sa sœur, et, malgré cela, peut-être d’un bon naturel.

Ces bonnes gens eurent besoin d’une grosse demi-heure pour se remettre des fatigues de leur course, qu’ils disoient avoir été des plus pénibles. Ils arrivoient à pied de Snow-Hill, où M. Branghton tient une boutique d’orfèvrerie. Cette marche avoit sur-tout incommodé les jeunes demoiselles, et leurs hardes s’en étoient ressenties visiblement.

La manière dont madame Duval me fit faire la connoissance de cette famille, eut de quoi me choquer extrêmement. « Voici, dit-elle, mes amis, une parente à laquelle vous ne pensiez sûrement pas ; cette enfant est la fille dont ma pauvre Caroline accoucha après s’être enfuie de chez moi. — J’ai découvert seulement depuis peu son existence, qu’on m’avoit tenue cachée, et jusqu’ici cette pauvre petite a été privée du seul appui qui lui restât au monde ».

Miss Polly. « Miss paroît avoir le cœur bien placé, et ne doit point être victime de la désobéissance de sa mère ».

Madame Duval. « Aussi ne lui en veux-je pas le moindre mal ; et pour ce qui est de ma pauvre Caroline même,