Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/140

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vers moi ; et me prenant la main, il me dit : « Je m’imagine qu’il suffit d’avoir vu une fois miss Anville, pour en conserver un souvenir qui ne s’efface pas aisément ».

Un tel compliment, — dans la bouche du lord, me coupa entièrement la parole. Je sentis que je changeois de visage ; je ne dis mot, et je baissai les yeux. Je me remis pourtant d’abord, et, en retirant ma main, je lui dis que j’allois voir si madame Mirvan étoit habillée. Il ne me retint point, et je sortis.

Je rencontrai toute la famille sur l’escalier, et je rentrai avec eux pour déjeûner.

C’étoit-là le moment de lui faire des excuses de ma conduite du ridotto, et je suis fâchée de l’avoir laissé échapper ; mais, à dire vrai, cette affaire ne me revint point dans l’esprit pendant ce court tête-à-tête. Si cependant je retrouve jamais une occasion aussi favorable, je la mettrai sûrement à profit. L’idée de passer à ses yeux pour sotte ou pour présomptueuse, me chagrine véritablement, et je me veux bien du mal d’y avoir donné lieu, en quelque façon par ma propre faute.

Mais que dites-vous, monsieur, de