Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je vous ai entendu rire à gorge déployée le moment où cet accident arriva : d’ailleurs il n’est que trop vraisemblable que c’est vous qui nous avez renversés ; car M. Dubois m’a dit que sans un croc en jambe qu’on lui a donné, il ne seroit sûrement pas tombé ».

Le capitaine jeta des éclats de rire si immodérés, que je commençai à croire cette imputation fondée ; mais il nia absolument le fait.

Madame Duval. « Pourquoi donc n’êtes-vous pas venu nous secourir » ?

Le Capitaine. « Moi ! croyez-vous que j’avois oublié que je suis Anglais, un vilain, un brutal Anglais » ?

Madame Duval. « Fort bien, monsieur, fort bien ; mais j’étois une sotte d’attendre mieux de vous : cela ressemble au reste de la pièce, à l’offre gracieuse que vous me fîtes de me faire sauter la portière, la première fois que je vous vis. Mais ce qui est très-certain, c’est que je suis décidée à ne plus vous choisir pour me conduire à Ranelagh ; car si j’avois eu le malheur de tomber sous les chevaux, je parie que vous n’eussiez pas bougé d’un pas pour me sauver la vie ».

Le Capitaine. « Je vous réponds bien que non, madame, pas pour tout au