Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/149

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Pendant que nous faisions le tour de la salle, sir Clément Willoughby me demanda mon sentiment sur ce brillant spectacle.

Je lui répondis que je le trouvois joli, et même ingénieux ; mais que je sentois malgré cela un certain vide, dont je ne savois pas trop rendre raison.

« Supérieurement bien répondu, s’écria-t-il ; vous avez défini à la lettre mes propres sentimens, mais avec une finesse à laquelle je n’aurois jamais pu atteindre. J’étois bien sûr, que votre goût est trop bon pour pouvoir être flatté de ce qui ne parle pas à l’esprit ».

« Pardieu, s’écria madame Duval, vous êtes bien difficiles vous deux : si ceci n’est pas de votre goût, que pourrez-vous donc trouver de beau ? C’est le coup d’œil le plus grand, le plus brillant, le plus exquis que j’aie encore vu en Angleterre ».

« Je suppose, reprit le capitaine en ricanant, que cela est dans votre goût français ; cela y ressemble assez, car ce ne sont que de pures babioles. Mais, dis-moi, mon ami, ajouta-t-il, en s’adressant à celui qui nous expliquoit ces curiosités ; de quelle utilité est tout ceci ; Je ne suis pas assez sorcier pour le deviner » ?