Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/160

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il le mérite, s’il m’avoit laissée tranquille ; mais puisque je vois qu’il me porte rancune de ce qu’il appelle mes mauvais traitemens, je commence à le craindre.

Madame Mirvan me donna en chemin une nouvelle inquiétude : elle me dit que le ressentiment de M. Lovel pourroit aisément donner lieu à un duel, s’il avoit autant de courage que de colère.

Cette idée me fait trembler. Cependant un homme aussi faible et aussi frivole, pourroit-il être vindicatif ? Je pense qu’il se contentera de décharger sa bile contre moi. Mais il ne jouira pas long-temps de cette satisfaction, car nous partirons incessamment.

Miss Mirvan m’a raconté que, pendant que M. Lovel me parloit avec si peu de ménagement, mylord Orville le regardoit d’un œil de pitié ; cela me tranquillise beaucoup.

Il devroit exister ici un code des loix et coutumes à la mode, à l’usage es jeunes étrangers qui fréquentent, pour la première fois les endroits publics.

Nous allons ce soir à l’opéra, où j’espère me bien divertir ; c’est la même partie que hier : lord Orville en sera ; il a promis qu’il viendroit nous joindre.