Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demander la permission, je veux m’emporter autant qu’il me plaît : arrangez-vous en conséquence. — Quant à vous, miss, je vous ordonne de me suivre sur l’heure, ou bien vous vous en repentirez toute votre vie ». En prononçant ces paroles, elle s’élança hors de la chambre.

Je fus saisie d’une frayeur mortelle, et je pensai tomber à la renverse ; mon cœur n’est pas fait aux mauvais traitemens et aux menaces.

« Ne vous alarmez pas, mon amour, me dit madame Mirvan ; demeurez tranquille, je vais trouver madame Duval, et j’essaierai de lui faire entendre raison ».

Miss Mirvan fit tout ce qu’elle put pour me consoler : sir Clément s’intéressa également à ma situation d’une manière dont je lui sus gré. « Au nom du ciel, me dit-il, calmez-vous, madame ; les emportemens de cette créature ne méritent que du mépris. À quel titre prétend-elle vous faire la loi ? Laissez-moi lui parler ».

« Non, pas pour tout au monde ; je ferais mieux, je crois, de la suivre ».

« La suivre ! chère miss Anville ; voudriez-vous vous exposer aux fureurs d’une folle ? car, quel autre nom don-