Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/165

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visite, je fus bien aise d’en être débarrassée, et je n’y pensai plus.

Bientôt après, sir Clément arriva, et nous descendîmes. Madame Mirvan fit servir le thé, et nous étions engagés dans une conversation assez animée, lorsque le domestique vint annoncer madame Duval, qui le suivit de près.

Elle avoit le visage en feu, et ses yeux étinceloient de colère. Elle s’approcha de moi à grands pas. « Oui-dà, miss, me dit-elle, vous refusez de venir me voir ; et qui êtes-vous, s’il vous plaît, pour oser me désobéir »?

J’étois hors de moi : je ne répondis point. Je voulus me lever ; mais je ne le pus : je demeurai muette et immobile.

Tout le monde étoit décontenancé ; il n’y eut que madame Mirvan qui tint bon. Le capitaine prenant un ton d’autorité, dit à madame Duval : « Qu’y a-t-il ici, ma belle, qui vous mette tant en colère » ?

« Cela ne vous regarde pas, lui répondit-elle ; je n’ai aucun compte à vous rendre ».

« Vous n’y êtes pas, madame la furie ; sachez qu’il n’y a que moi dans ma maison qui ose se mettre en colère »

« Je vous en défie ; et, sans vous en