Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/176

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impitoyable caquet ne discontinua point, et je manquai nombre de beaux airs chantés par la belle voix du signore Millico, qui m’auroit fait un plaisir infini.

« Comme ces gens-là bredouillent, s’écria M. Branghton ! je n’entends goutte à ce qu’ils disent. Et pourquoi ne chantent-ils pas tout aussi bien en anglais » ? — Mais apparemment que le beau monde s’amuseroit moins s’il y comprenoit quelque chose.

M. Branghton fils. « Le jeu de ces acteurs est bien peu naturel. Qui a jamais vu un Anglais faire des gestes pareils » ?

Miss Polly. « Pour moi, je trouve cela assez joli, seulement je ne sais ce que cela veut dire ».

Miss Biddy. « Belle misère ! comme si ces sortes d’explications étoient nécessaires pour s’amuser. Prenez exemple sur miss Anville, qui semble se divertir au mieux sans y entendre plus que nous ».

Un inconnu, qui étoit assis sur le banc du devant, eut la politesse d’y faire place pour miss Branghton et moi. Nous acceptâmes son offre, et aussi-tôt miss Biddy s’écria : « Voyez donc, ma sœur,