Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/177

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comme tous ces gens de l’amphithéâtre sont parés. Pas un seul chapeau, tout le monde en gala » !

« Ah ! vraiment oui, répondit miss Polly, ce coup-d’œil est charmant ; cela seul vaudroit la peine d’aller à l’opéra, n’y vît-on que cela ».

Un coup-d’œil dans l’amphithéâtre me fit sentir la perte de ma bonne société. Mylord Orville étoit alors à côté de madame Mirvan : sir Clément avoit les yeux tournés vers la première galerie, où il me chercha probablement. J’aurois souhaité de rester cachée ; mais il me découvrit dans le galetas où j’étois nichée.

La mauvaise humeur de madame Duval, les murmures de M. Branghton, et les réflexions insipides et maussades de ses enfans, achevèrent de m’ôter le peu de plaisir que j’aurois pu espérer encore. J’aime naturellement la musique et le chant, mais le caquet perpétuel de mes voisins m’empêcha totalement d’en profiter.

Pendant le dernier ballet j’apperçus sir Clément à la porte de notre galerie. Sa présence me fit une vraie peine ; je craignis les familiarités des Branghton, et j’étois humiliée d’être trouvée en aussi