ton de surprise : « Bon dieu ! n’est-ce pas miss Anville que je vois » ?
Je sentis alors la sottise de ma démarche et l’embarras de ma situation. Je me hâtai de lui dire en balbutiant, que j’attendois madame Mirvan ; mais j’appris, à ma grande confusion, qu’elle étoit déjà partie.
Je ne savois plus quel parti prendre : l’idée de me mettre seule entre les mains de sir Clément, en présence du lord, m’étoit devenue insupportable, et, d’un autre côté, je ne pus me résoudre à rejoindre les Branghton ; je demeurai indécise, et je m’écriai involontairement : « Juste ciel ! que dois-je faire » ?
« De quoi, reprit sir Clément, vous inquiétez-vous, ma chère dame ? vous serez chez vous aussi-tôt que madame Mirvan ».
Je ne répondis pas du tout. Mylord Orville m’offrit sa voiture. « Elle est ici, madame, et mes gens sont prêts à recevoir les ordres que miss Anville voudra bien leur donner ; j’irai chez moi en chaise à porteurs, et je vous supplie… ».
Je fus infiniment sensible à une offre si polie, faite avec tant de délicatesse : je l’eusse acceptée volontiers ; mais je n’osois. Sir Clément ne laissa pas même