Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/185

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« Il faut que cet homme ait manqué le chemin, sans quoi nous devrions déjà être au bout de notre course. Laissez-moi lui parler ».

« Pensez-vous que je sois mon ennemi jusqu’à ce point ? Si mon bon génie a inspiré cet homme de faire durer mon bonheur, croyez-vous que je détruirai moi-même l’ouvrage d’un aussi heureux hasard » ?

Je commençons à craindre que le cocher ne se fût détourné du chemin par un ordre exprès, et cette idée me jeta dans de vives alarmes. Je baissai la glace, et je fis un effort pour ouvrir la portière dans l’intention de sauter dans la rue. Sir Clément me retint : « Au nom du ciel ! qu’allez-vous faire » ?

« Je l’ignore moi-même, m’écriai-je tout essoufflée ; mais je suis sûre que cet homme s’est égaré, et si vous refusez de lui parler, je sors de la voiture dans le moment même ».

« Vous m’effrayez, (il tenoit toujours mes deux mains) qu’avez-vous à craindre ? vous défiez-vous de mon honneur » ?

« Non, monsieur, — du tout. — Mais madame Mirvan, comme elle s’inquiétera » !