Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/186

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« Pourquoi ces alarmes, mon très-cher ange ? Que craignez-vous ? — Ma vie vous est entièrement dévouée ; ma protection ne vous suffit-elle pas » ? et en même temps il me baisa la main.

Jamais je n’ai été dans une telle transe ; je m’arrachai d’entre ses bras, et je mis la tête à la portière pour crier au cocher d’arrêter. Dieu sait dans quel quartier de Londres il nous avoit menés ; je ne vis ame vivante, sans quoi j’eusse appelé au secours.

Sir Clément tâcha de son mieux de m’appaiser ; mais il ne réussit guère : « Si votre intention, m’écriai-je, n’est pas de m’assassiner, laissez-moi descendre par pitié ».

« Calmez-vous, me répondit-il, ma très-chère vie, je ferai tout ce que vous souhaiterez » ; et il appela lui-même le cocher, pour lui dire de faire diligence. « Cet imbécille, continua-t-il, m’a sûrement mal compris ; mais il ne tardera plus : j’espère seulement que vous serez plus tranquille à présent ».

Je gardai le silence, et je guettai attentivement le chemin que nous prenions ; cette précaution ne m’avança pas de beaucoup : je connois trop peu les rues de Londres pour les distinguer.