Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/207

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de savoir quelle est l’idée que ces jeunes demoiselles ont de nos spectacles : ces objets doivent être tout nouveaux pour elles ».

Nous lui avouâmes toutes deux que nous nous étions mieux diverties à l’opéra que par-tout ailleurs. Nous eussions mieux fait de nous taire, car le capitaine, mécontent de notre réponse, nous coupa aussi-tôt la parole : « Qu’allez-vous demander là à ces filles ? croyez-vous qu’elles sachent jamais ce qu’elles veulent ? Nommez-leur tel amusement qu’il vous plaira, et vous êtes sûr qu’elles le trouveront supérieurement beau ; c’est une espèce de perroquets qui ont un babil d’instinct, et qui se répètent l’une l’autre : mais parlez-leur de cuisine, d’affaires de ménage, et vous verrez comme elles seront embarrassées. Quant à ces opéras, je prétends absolument qu’ils doivent leur déplaire, ce sont de pures sottises ; et vous surtout, Marion, je vous conseille, si vous faites quelque cas de mes bonnes grâces, de ne plus avoir un goût à vous en ma présence. Le monde est assez rempli de fous, sans que vous en augmentiez le nombre, et je ne veux pas qu’il soit dit que ma fille approuve ces sortes de fadaises. C’est