Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/208

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une honte qu’on ne les abolisse pas ; et si on me laissoit faire, je casserois la tête à tous les magistrats qui s’aviseroient de les tolérer. Si vous avez envie de louer la comédie, passe encore, car je l’aime aussi ».

Cette réprimande nous ferma la bouche à toutes deux pour le reste de la soirée ; elle produisit même pendant quelques minutes un silence général : il fut interrompu par M. Lovel, qui n’avoit pas envie de laisser échapper l’occasion de riposter aux sarcasmes du capitaine. « Je ne suis pas surpris, monsieur, dit-il, de ce que nos amusemens les moins recherchés, soient précisément ceux qui vous plaisent le plus ; et parmi ceux-ci, c’est la comédie qui se retrouve le plus aisément en province : chaque village a presque sa troupe de comédiens, et une grange en forme de théâtre. La représentation des pièces est encore partout la même ; l’homme de rang y prend part aussi bien que la populace : on est rassemblé pêle-mêle dans un même cercle ; il n’y a pas d’endroit où les distinctions soient moins marquées ».

Le capitaine avoit l’air de ruminer le sens de la réflexion de M. Lovel ; mais mylord Orville pour le distraire, chan-