Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/213

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Celui-ci fit plusieurs questions à madame Mirvan sur notre départ, tandis que l’autre s’épuisoit à me dire toutes sortes de jolies choses que j’écoutai avec beaucoup d’indifférence. Je ne pus cependant éviter de lui donner le bras en montant en voiture ; miss Mirvan accepta celui de sir Clément, qui n’avoit pas l’air content.

Quelle différence de caractère et de mœurs dans tous les rangs de la société ! Mylord Orville, d’une politesse qui ne se dément jamais ; qui n’excepte personne, est un homme modeste et sans la moindre prétention ; on diroit qu’il n’est pas accoutumé au grand monde, et il se doute à peine de tant de bonnes qualités qui le distinguent si supérieurement. Cet autre lord, au contraire, quoique prodigue en complimens et en belles paroles, me semble manquer entièrement d’une bonne éducation : tout ce qui frappe son imagination occupe d’abord toute son attention : il joint à beaucoup de hardiesse, de la hauteur avec les hommes, et un air de libertinage avec les femmes : fier de son rang, il s’exprime avec une familiarité qui approche de la grossièreté.

Nous ne restâmes pas long-temps à